Discours de Max ORVILLE, le 8 janvier 2010, meeting hôtel la Batelière

Publié le par MODEM Martinique

Discours de la Batelière

Le 8 janvier 2010

 

Monsieur le Député, Mesdames Messieurs,

 

Je vous remercie d’avoir répondu si nombreux à notre invitation pour entendre les arguments et les positions du MODEM Martinique à l’occasion des deux consultations à venir. Et j’espère bien qu’il y’aura bien deux consultations !!! Merci donc !!!

 

Merci à mon ami le Député de Mayotte qui a accepté de répondre favorablement à notre invitation afin de donner son témoignage sur l’expérience et la mise en application de l’article 74 qui fait débat aujourd’hui en Martinique. Qui mieux que lui peut en parler avec justesse et mesure, en toute objectivité et avec le consentement des mahorais ???

 

Merci également à  Monsieur le Député Jean Maran, Monsieur le Sénateur et Président d’honneur Roger Lise et tous les amis qui appartiennent à d’autres formations politiques d’être venus ce soir par amitié ou par conviction écouter notre intervenant et surtout rejeter avec force dès dimanche le danger que constitue selon nous l’application de l’article 74.

 

Je voudrais également saluer ce soir la mémoire de Philippe SEGUIN grand serviteur de l’Etat, homme ombrageux, d’une grande intelligence et républicain passionné. C’était un homme de convictions, qui les défendaient avec courage, sans se préoccuper qu’elles soient partagées ou non.

Pour moi, enseignant, il restera le Maire d’Epinal qui m’aura inspiré l’aménagement des rythmes biologiques de l’enfant et que Rivière salée a expérimenté avec bonheur et succès dans les années 97.

 

Ce préambule fait, revenons à notre préoccupation du moment, soit la consultation de dimanche 10 janvier.

 

Le MODEM Martinique comme vous le savez également n’a pu du fait d’un décret scélérat, anti démocratique, participer à la campagne officielle.

En effet,  le MODEM  de création récente dans notre île  n’a pas d’élus, pas encore !!!

Néanmoins depuis quand, au sein d’une démocratie, la liberté d’expression est encadrée, et des représentants d’un parti démocrate censurés.

Je le répète, il s’agit d’un déni de démocratie !!!

Le MODEM Martinique fera donc campagne seul, à sa manière, en utilisant toute la panoplie des moyens de communication à sa disposition pour se faire entendre.

 

Concernant la question posée, à l’occasion de la consultation du 10 janvier : « Approuvez-vous la transformation de la Martinique en une collectivité d’outre-mer régie par l’article 74 de la Constitution, dotée d’une organisation particulière tenant compte de ses intérêts propres au sein de la République ? »,

la réponse du MODEM Martinique est claire, limpide, cristalline, c’est NON !

 

C’est NON car comme beaucoup l’ont déjà souligné, les règles du jeu ne sont pas définies ni connues au jour d’aujourd’hui.

Comme vous le savez désormais tous, il appartiendra à une Loi Organique de dessiner les contours et les compétences dévolues à cette nouvelle Collectivité. Ladite Loi organique s’écrira dans les années à venir et non immédiatement.

Les défenseurs de l’article 74 m’objecteront que dans cette Loi, devrait être reprise les doléances des élus martiniquais, notamment concernant les compétences sollicitées par le Congrès et les compétences partagées avec l’Etat.

C’est oublier un peu vite l’adage : Celui paie décide !!!

C’est oublier également que la Loi Organique est votée par le Parlement français, au sein duquel les élus martiniquais sont extrêmement minoritaires. Sans douter de leurs talents exceptionnels et de leur capacité à convaincre leurs collègues, le MODEM Martinique estime que le risque est grand de se retrouver fort démuni avec cette nouvelle Collectivité sur les bras.

 

Sur le plan financier, c’est la certitude de devoir rechercher des ressources propres pour financer les nouvelles compétences sollicitées. En un mot, voir nos impôts augmenter !!!

 

Laisser à croire, comme le prétendent les supporters de l’article 74, que « l’Etat conformément à la Constitution que toutes compétences transférées s’accompagneraient de l’attribution de ressources équitables, équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice…. » est au mieux de la naïveté, au pire des contrevérités que les faits démontrent, et confirmés à l’envi par les plus ardents adeptes de l’article 74, je veux parler des deux Présidents actuels des deux Collectivités.

Ils n’ont eu de cesse de dénoncer l’Etat, le qualifiant de mauvais payeurs.

Pourrait-on croire ou espérer que demain, la nouvelle Collectivité bénéficierait dans le contexte économique mondial, avec un pays endetté jusqu’au cou, d’un régime exceptionnel de faveur qui lui vaudrait qu’enfin, cet Etat mauvais payeur, devienne subitement plus généreux ?

Avec l’article 74, nous serions entrés dans le monde de Peter pan et d’Harry Potter réunis. Les difficultés économiques s’estompent, l’argent coule à flots, le chômage disparaît,…

Le MODEM Martinique n’y croit guère.

 

C’est NON aussi, car nous ignorons qu’elle sera la Loi électorale qui s’appliquera sur le territoire, quel mode de scrutin sera retenu ? Représentation proportionnelle, majoritaire ou mixte ?

Il est fondamental d’avoir une Loi qui exprime à parité les opinions et la représentation territoriale. Cette nouvelle assemblée devra représenter le plus fidèlement la société martiniquaise.

Là-encore, nous l’ignorons !!!

 

C’est NON encore car cette demande de passage à une Collectivité régie par l’article 74 repose sur un projet de société (SMDE et Agenda 21) méconnu de la population et non validé par elle.

Or, à priori le changement d’article repose sur l’accord clairement manifesté d’une population qui sait où elle va et ce qu’elle veut.

Tel n’est pas le cas aujourd’hui.

 

C’est NON toujours car le socle de l’Egalité des Droits n’est pas garanti.

 

Mesdames Messieurs, vous l’aurez compris, le MODEM Martinique est profondément défavorable à une telle évolution statutaire pour notre Martinique.

Une telle évolution par les risques qu’elle porte en germes, nous mettrait au banc des autres régions de France et de l’Europe.

 

Le MODEM Martinique estime que le débat institutionnel est vicié.

Il repose sur la vacuité de nos élus qui n’ont qu’une obsession, la question du pouvoir local et à terme la remise en cause du lien avec la France.

Comme je l’ai dit ces derniers temps, il s’agit au moment de retourner aux urnes en mars, d’agiter la muleta du torero afin de brouiller les esprits et masquer ainsi les vrais enjeux de notre Martinique.

En détournant l’attention des citoyens sur les questions institutionnelles et identitaires, importantes certes mais qui ne sont pas de nature à régler les problèmes fondamentaux : économie, précarité, éducation, formation, santé, toxicomanies, transports,… On prétend ainsi s’épargner le soin d’évoquer le bilan de nos élus aux affaires. C’est inacceptable.

 

Le résultat est aujourd’hui dramatique, consternant et préoccupant. Quelque soit les résultats des consultations à venir, la Martinique est divisé en deux camps bien distincts et il est à craindre que les ressentiments des uns ou des autres ne soient durables.

Il faudra du temps et de la patience pour réconcilier des positions doctrinales diamétralement opposées.

 

Pour nous, au MODEM Martinique, nous avons toujours affirmé que tout ce débat institutionnel est un gaspillage d’énergies fantastiques. La crise ou le conflit social de février 2009 a pourtant par son ampleur et sa durée et ses attentes, montré que les problèmes de nos concitoyens étaient ailleurs.

Nos élus n’ont su, ni anticiper cette colère qui grondait ni la régler.

Et aujourd’hui par le débat actuel, ils n’y répondent absolument pas. Il faudra en son âme et conscience en tirer les leçons à l’issue de la consultation de dimanche, qui sans nul doute, confirmera que leur vision n’est pas la bonne, que la route qu’ils prétendaient tracer pour notre population n’est pas en adéquation avec ses espoirs.

Ne nous trompons pas, si comme nous l’espérons le NON dimanche l’emporte largement et massivement, il s’agira bien d’un désaveu sans appel de nos élus au pouvoir depuis bientôt 12 ans.

 

Les patriotes du 74 évoquent pourtant des domaines tels l’emploi, le foncier, l’Education, l’écologie, le logement social, la coopération,… où selon eux, la mise en application de l’article 74 serait plus performante.

Peut être et encore, car avec l’article 73, sous utilisé ou insuffisamment exploité, toutes ces politiques auraient pu être améliorées.

Il ya quand même un domaine où, semble-t-il, nous sommes performants quoiqu’en disent les défenseurs du 74, il s’agit de la coopération régionale.

En tout état de cause, avec la Dominique, les échanges sont excellents !!!

Echange étant un mot un peu fort, mécénat ou gentil donateur seraient peut être plus adaptés.

En tant qu’enseignant, je ne suis pas choqué du côté généreux et altruiste de la chose mais j’aimerais que nos propres établissements scolaires, presque partout sur le territoire, en état de vétusté avancé bénéficient du même soutien.

 

J’aimerais  le même regard sur la reconstruction du lycée Schoelcher, patrimoine de la Martinique d’où sont sortis bon nombre de nos élites passés et présentes.

Si le lycée s’appelait A. Césaire et non Schoelcher le piètre spectacle offert ces dernières semaines se seraient-ils passés et nos élèves qui vont être délocalisés en auraient-ils fait les frais ?

 

Bref, Mesdames Messieurs, je voulais à mon tour en quelques mots expliquer et justifier devant vous les raisons du MODEM Martinique de voter NON et de faire voter NON dimanche sans état d’âmes.

 

Un NON dimanche 10 janvier 2010 constituera une réponse définitive et sans appel, à tous ceux qui ont oublié que la démocratie, c’est le pouvoir du peuple.

On ne peut parler du Peuple, travailler au nom du Peuple et sans le Peuple.

Un NON dimanche, outre le désaveu de nos dirigeants, est aussi l’expression d’une population qui affirme son droit à rester sous un Statut de droit commun, à l’instar de tous les citoyens de l’hexagone.

 

Concernant la deuxième consultation, celle du 24 janvier 2010, la consultation de trop, le MODEM Martinique a pris une position tout aussi claire, celle de dire NON également.

 

La consultation du 24 janvier contrairement à celle du 10 n’a été ni souhaitée par les élus martiniquais ni voulue par la population.

Elle a pour objet de nous interroger sur un projet qui n’a pas été conçu et qui répond uniquement aux intérêts de l’Etat.

Elle tourne volontairement le dos aux préoccupations des Martiniquais : ni réponses économiques, ni réponses sociales, mais seulement ILLUSION D’UN POUVOIR dépourvu de moyens financiers nécessaires à sa mise en œuvre.

 

La Collectivité unique, parce qu’elle n’est pas le département ni la région, est un monstre qui ne dit pas son nom.

C’est un processus qui aboutira à réduire les Droits des Martiniquais à l’Egalité républicaine.

Le choix de la Collectivité unique revient à donner un blanc seing au gouvernement et aux élus qui auront été nécessairement désavoués le 10 janvier 2010.

 

Comment dans ces conditions peuvent-ils concevoir au nom du peuple une collectivité unique relevant de l’article 73 et qui ne répond pas aux préoccupations économiques et sociales exprimées par ce dernier, ni même à leurs souhaits initiaux ?

C’est d’ailleurs la conviction du Rassemblement Martiniquais pour le changement qui milite activement pour l’article 74, qui réunit dix mouvements politiques dont le MIM, je cite « L’article 73, même avec une collectivité unique ne permet pas de régler les nombreuses difficultés de notre pays. Ni le droit à l’expérimentation, ni la possibilité d’habilitations qu’il faudra quémander à chaque fois ne nous permettront pas d’avancer…». Nul doute que le 24 janvier 2010, il ne saurait se parjurer et voter OUI à cette consultation ! Nous saurons le leur rappeler !!!

 

Nul doute qu’il est de l’intérêt de tous de se donner le délai indispensable pour une réflexion apaisée, un débat sans tabous et un choix raisonné fait en toute connaissance de cause avant de se prononcer sur les voies et moyens d’un changement véritable en Martinique.

La précipitation imposée à tous n’est que source de confusion préjudiciable à nos intérêts et  à nos aspirations réelles et profondes.

 

C’est pourquoi la seule véritable solution qui vaille consiste à répondre NON le 24 janvier, car c’est la meilleure façon de conserver nos acquis et de pouvoir prétendre à une amélioration réelle de la situation économique, sociale et culturelle de notre pays.

 

Ce NON n’est pas synonyme de maintien du statut quo.

Il n’implique surtout pas un grand saut dans le vide et l’inconnu.

Il institue seulement une exigence de réflexion à tête reposée pour l’élaboration d’un régime administratif capable de répondre à nos légitimes aspirations, à un nouvel élan pour le développement harmonieux de notre Martinique.

 

Ce NON ne signifie pas non plus le rejet de l’Assemblée unique, qui n’est d’ailleurs pas invoquée dans cette deuxième consultation.

 

Au contraire, ce qui est insidieusement soumis à notre sagacité, c’est le choix d’une nouvelle collectivité unique se substituant à notre département et à notre région afin de nous cantonner dans un statut marginal et sans précédent de l’article 73.

 

Sommes-nous prêts à devenir des cobayes, dans quel but et pour quel intérêt ? A qui profite le crime ?

 

Certes, cette nouvelle collectivité sans nom, réunira théoriquement les compétences du département et de la région, mais il va sans dire qu’à défaut du statut départemental ou régional, elle ne pourra prétendre en pratique aux mêmes droits qu’à ceux reconnus à un département ou une région.

 

En effet, en France, nos Droits sont avant tout fonction du statut institutionnel du territoire concerné.

A titre d’exemple, Mayotte qui vient d’obtenir le droit d’intégrer l’article 73 de la Constitution ne retrouvera, aux termes du pacte pour sa départementalisation, l’intégralité et la plénitude des droits dévolus à un département qu’au terme d’un délai de probation estimé à 20 ou 25 ans, sans garantie toutefois.

 

La Martinique, cela est vrai, n’est pas la Corrèze ! Il n’en demeure pas moins qu’avec les mêmes lois, dans l’hexagone, le développement de la Corse ne se fait nullement au détriment de l’Alsace.

Nous restons donc convaincus que le progrès attendu chez nous, peut se faire dans le cadre du même statut départemental, sans que l’on soit contraint à mimer la Bretagne ou le Pays Basque.

 

Nous gagnerions en revanche, à renforcer notre statut de département et de région, afin qu’à l’instar de la Corse, nous sollicitions des adaptations les plus appropriées aux options spécifiques de développement liées à notre insularité, à notre éloignement et notre identité régionale.

 

Plus que jamais, le 24 janvier prochain, le NON doit l’emporter. C’est le choix du MODEM Martinique, il y va de l’avenir de la Martinique… Je vous remercie.

 

Le Président du MODEM Martinique

Max ORVILLE

 

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